C’est la jour de présentation de la commission d’enquête sur le
narcotrafic que des employés pénitentiaires ont été tués. Cruelle et
terrible juxtaposition.
Il faut avoir subi des menaces de mort, il faut avoir reçu des coups de
téléphone menaçants, il faut avoir entendu proférer de possibles menaces
sur ses enfants, il faut juste comptabiliser, au fil des semaines le
nombre de jeunes dealers ou trafiquants qui tombent sous les balles.
Ce
n’est plus qu’à Marseille. C’est partout. Celles et ceux qui
s’intéressent de trop près aux trafiquants de drogue, qui peuvent mettre
en péril leur juteux revenus qui leur permettent de se pavaner dans les
cités balnéaires ou dans les villes, avec de grosses cylindrées, le
regard arrogant, peuvent tous en témoigner. Le milieu de la drogue, le
milieu du narcotrafic n’est pas un monde de bisounours.
Mardi matin,
l’actualité s’est télescopée. C’est en effet le matin même de la
présente des conclusions de la commission sénatoriale sur le
narcotrafic, qu’un véhicule de la pénitentiaire a été pris pour cible
dans l’Eure, faisant deux morts et des blessés graves.
On peut
toujours ironiser sur le travail de la pénitentiaire. Oui on peut. Mais
les gardiens de prison, les employés de la pénitentiaire sont les
gardiens de notre démocratie et de notre République. Ils connaissent et
vivent l’univers carcéral. Selon l’expression, il en faut une bonne
paire pour être chaque jour de travail face à des délinquants, face à
des trafiquants. Il en faut une paire pour reprendre sa voiture, sans
savoir si le chemin du retour se passera bien. Il faut du courage à ces
femmes qui choisissent d’aller travailler dans les prisons pour femmes.
Ces
travailleuses et ces travailleurs de l’ombre méritent notre respect. Il
font le sale boulot pour que notre société, ou plutôt notre nation,
vive mieux ou moins mal, ce qui revient au même.
Ce qui est arrivé
dans l’Eure donne donc encore plus de poids au travail d’enquête de la
commission sénatoriale sur le narcotrafic. Mais ses membres se seraient
bien passés de cette terrible collision de l’actualité. Et
collectivement nous devons tous penser aux familles des victimes.
Alain BOLLERY