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30/08/2024 03:17
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Autun : Ouverture de la 1ère Université d'été du Laboratoire de la République

Ce jeudi après-midi, l'Hexagone accueillait la première édition de l'université d'été du Laboratoire de la République. Devant des élus du territoire autunois et du Morvan, mais aussi du Creusot ou de Montceau-les-Mines et au-delà, Vincent Chauvet, Maire de la Commune a ouvert l'événement avant de laisser la parole à Jean-Michel Blanquer, Président du Laboratoire de la République.
Dans son discours d'accueil, le Maire de la cité éduenne ne manque pas de rappeler l'origine de l'événement, une suggestion « judicieuse d'Erevan et Rémy Rebeyrotte »
Et d'ajouter : « Ce choix du lieu, Autun, est particulièrement signifiant pour Le Laboratoire de la République. Vous avez probablement lu comme moi au début du mois d'août, dans un hebdomadaire dominical, récemment acquis par un groupe de médias connu pour son orientation progressiste et son éthique journalistique, dans un billet ironiquement intitulé “La République, ça se mérite” : “Quelle idée d'organiser ça à Autun!”.
Et en effet, quelle belle idée d'organiser ça à Autun ! “Perle de culture dans un écrin de verdure” ainsi que l’a décrit l’écrivain Paul Cazin, Autun, par son passé et par son présent, par sa dialectique entre Empire et République, par son rapport historique à l'école et à la laïcité, Autun, aujourd'hui comme hier, parle à la France.
C'est en effet, passée la Guerre des Gaules, à la République romaine déclinante et à l'Empire romain naissant que nous devons la fondation de la cité d'Auguste, Augustodunum, dont la devise est et demeure « Sœur et émule de Rome » ; une capitale gallo-romaine rassemblant Eduens déjà romanisés - loin des images d'Épinal de barbares chevelus - et Romains pacificateurs.
Les monuments d'une métropole romaine s’érigent alors, temples, portes, forum, rempart, théâtre, amphithéâtre, thermes, … mais très vite il faudra, déjà à l'époque, entretenir à grand frais ce patrimoine monumental. A la fin du IIIe siècle, par son célèbre discours “Pour la restauration des écoles d'Autun”, le rhéteur Eumène nous décrit la grandeur des Écoles Méniennes dont les fouilles des années 2010 ont confirmé l'existence ici-même, sous nos pieds. »
On doit souligner aussi le rapport au savoir et un clin d'oeil à l'ancien porte-feuille du Ministre Blanquer, l'éducation nationale, lorsque Vincent Chauvet poursuit :
« Premières universités de Gaule, elles formaient dans notre ville l'élite gallo-romaine en latin et en grec, et vous savez M. le Ministre notre intérêt commun pour les langues anciennes que vous démontriez lors de vos précédentes venues dans cette salle.
Alors qu'Eumène obtient des crédits supplémentaires et de nouveaux effectifs de fonctionnaires auprès de l'Empereur Constance Chlore, père du Grand Constantin, s'installe à Autun la première communauté chrétienne de France à Saint-Pierre l'Etrier. La fouille de la nécropole paléo-chrétienne de Saint-Pierre par l'Inrap et le service archéologique de la ville d'Autun en 2020 a révélé l’unique exemplaire connu en France et l'un des 5 existants au monde de vase diatrète, chef-d'œuvre de verrerie romaine, et probable cadeau protocolaire donné par l’Empereur aux évêques lors des premiers conciles, objet qui sera une pièce majeure du futur Panoptique d’Autun - Musée Rolin. »
 
Vincent Chauvet continue toute la défense de sa ville, sa légitimité en tant que terre d'accueil de cette première édition de l'université d'été du Laboratoire de la République :
« L'agrandissement et la rénovation du Musée Rolin, qui intégrera l'ancien palais de justice, la prison panoptique construite sur les plans de Jérémy Bentham, et l'hôtel de Nicolas Rolin, chancelier des Ducs de Bourgogne et fondateur des Hospices de Beaune, est en effet le grand projet de ce mandat municipal.
Il sera un musée à la hauteur de la contribution d'Autun à l'Histoire de France.
Car sans minimiser le rôle d’illustres figures autunoises comme celle du Président Jeannin, qui évita à la Bourgogne un Saint-Barthélémy en conseillant aux autorités “d'obéir lentement au roi quand celui-ci commande en colère”, ou celle de Jeanne Barret, première femme à avoir fait un tour du monde, déguisée en homme, c'est, après son fondateur Auguste, la figure d'un autre Empereur qui a marqué Autun.
Autun, c’est en effet aussi la ville où Napoléon Bonaparte, arrivant tout droit de Corse à l’âge de 9 ans, apprit la langue française, à l'école qui porte aujourd'hui le nom de Lycée Bonaparte – à ne pas confondre avec le Lycée et Collège militaire, seul collège de l’Armée de Terre. Napoléon reviendra plusieurs fois à Autun, la dernière pendant les Cent Jours, à l'hôtel Saint-Louis dont nous finalisons actuellement l'acquisition. »
Après avoir passé en revue encore les positionnements d'illustres autunois au 19e siècle parmi lesquels Ernest Pinard ou encore le Président Monarchiste le Maréchal de MacMahon, Vincent Chauvet se raccroche à une actualité plus récente en évoquant la réindustrialisation de la Ville ou encore l'accueil de déplacés ukrainiens :
 
« Enfin, Autun au XXIe siècle c'est l'industrie avec DIM qui a relocalisé sa production d’Allemagne, Nexans, qui investit 40 millions d'euros pour produire dans ce qui sera son usine la plus moderne d’Europe des câbles électriques pour la transition énergétique, Tolix qui relance la production de ses modèles historiques en inox, ou encore Sferis qui va tester une navette rail-route sur batteries, peut-être l'avenir des petites lignes de train.
C'est la première ville de France à avoir accueilli en 2022, 48 heures après les premiers bombardements de Kiev, des déplacés ukrainiens, dont certains ont appris le français et se sont intégrés par le théâtre. Ils ont triomphé cette année au festival d’Avignon avec leur spectacle L’Ailleurs, joué par des réfugiés syriens et ukrainiens autunois dans leur propre rôle.
C’est toujours une terre de formation, avec les Petits Chanteurs à la Croix de Bois, son Campus Connecté ou encore le diplôme national des métiers d’art et du design au pôle professionnel du Lycée Bonaparte.
 
Et de conclure : « Pour résumer, quelle belle idée donc, de faire cette université d'été du Laboratoire de la République à Autun ! Car comme le dit si bien le Journal du Dimanche, “La République, ça se mérite “, et à Autun particulièrement, on sait que la République n'est pas donnée pour acquise, qu’elle ne s'hérite pas, qu’elle ne s'improvise pas, qu'elle s'entretient, qu'elle se construit, en clair, oui, qu'elle se mérite. »
 
« Nous ne pouvions pas imaginer être dans cette situation institutionnelle » Jean-Michel Blanquer
 
Après ses remerciements, c'est par ces mots que Jean-Michel Blanquer débute son allocution. Puis il revient sur sa connaissance de la ville : « Je suis venu à plusieurs reprises en tant que ministre pour encourager l'apprentissage des langues anciennes. »
Puis il revient sur les villes de taille moyenne où les gens « peuvent avoir le sentiment d'être oublié ». Alors pourquoi parle-t-on de laboratoire ? « Le terme laboratoire doit être pris au sérieux. Je souhaite avoir durablement un tel laboratoire de la République à Autun pour travailler avec les acteurs du territoire. » formule Jean-Michel Blanquer.
« C'est cet optimisme dont nous avons besoin. Notre démarche est là pour illustrer que nous croyons en la République. Si nous n'avons pas de cap, nos vies auront plus de problèmes que si nous n'avons pas de cap. Nous avons ainsi davantage le sentiment de maîtriser notre destination individuelles et collectives. Nous aimons la vie collective, les échanges d'idées alors que du côté des extrêmes il y a une logique de débats conflictuels. » ajoute-t-il.
Avant d'annoncer le premier thème abordé : jeunesse et égalité des territoires.
C'est Benjamin Morel pour évoquer cette notion d'égalité des territoires, pour ouvrir finalement cette session. Il y traitera des richesses souvent oubliées de notre territoire au profit d'une recherche à l'extérieur qui nous affaiblit. Il parlera aussi de transports et d'inégalités dans le transport des jeunes entre territoires ruraux et urbains (sans les nommer toutefois). Il préférera la notion de territoires périphériques, souvent perçus comme moins productifs mais accueillant tout de même des entreprises industrielles ne pouvant clairement pas s'installer dans les grandes villes.
Selon lui, la construction de la mobilité constitue une clé dans le développement des territoires.
C'est ainsi qu'a débuté cette première journée de l'université d'été du Laboratoire de la République, qui se poursuivra avec un programme encore chargé : l'Europe dans le monde ou encore la Ve République, la défense, la question migratoire, l'Unité de la République, mais des sujets internationaux comme la paix au Proche-Orient.
Les débats et les groupes de travail seront clairement intenses jusqu'à samedi !
EM