Ce sont les chiffres de l'INSEE à fin 2020. C'est beaucoup plus
aujourd'hui. Framatome prévoit d'embaucher 1500 personnes de 2024 à 2026
en Bourgogne.
L'étude de l'INSEE :Fin 2020, 23 000 salariés travaillent
dans les 270 établissements de la filière nucléaire en
Bourgogne-Franche-Comté, soit 2,5 % de l’emploi régional et 14,9 % de
l’industrie. Ces salariés sont particulièrement présents dans les zones
d’emploi de Dijon, Châtillon-Montbard, Chalon-sur-Saône, Belfort et
Creusot-Montceau, où sont implantés de grands donneurs d’ordre.
L’emploi
se concentre dans de grands établissements et la plupart des salariés
sont en contrat à durée indéterminée. Globalement plus qualifiés, les
salariés du nucléaire ont des revenus supérieurs à ceux de l’industrie.
Par ailleurs, la filière manque d’attractivité envers les jeunes.
Dans
l’économie régionale, près d’un métier sur deux de la filière nucléaire
est en tension fin 2021. À l’horizon 2030, la tension pourrait
s’amplifier pour les métiers les plus recherchés, créant de la
concurrence entre les filières industrielles.
Pas de centrale nucléaire mais de nombreux acteurs clés dans la région
La
relance du programme national de construction de réacteurs nucléaires
et la prolongation de la durée de vie des centrales nucléaires
existantes renforcent l’importance économique et stratégique de la
filière nucléaire. Dans le contexte de la transition environnementale,
elle est un acteur pour réduire les émissions carbonées tout en
répondant à la demande future en énergie. L’objectif de construire six
réacteurs nucléaires d’ici 2035, avec une option pour huit autres à
l’horizon 2050, n’est pas sans conséquences sur les besoins en main
d’œuvre de la filière.
Bien qu’il n’y ait pas de centrale nucléaire
implantée en Bourgogne-Franche-Comté, l’activité de la filière est
dynamisée par la présence de nombreux acteurs clés. Dans la région, la
filière se structure autour de trois principaux segments. La
« fabrication de composants et d'équipements pour les installations
nucléaires de base », l’« exploitation et la maintenance des équipements
et des bâtiments » ainsi que l’« étude, conception et analyse »
englobent 88 % des établissements et 94 % de l’emploi hors intérim
La filière nucléaire pèse 2,5 % dans l’emploi régional
La
filière nucléaire en Bourgogne-Franche-Comté compte 270 établissements.
Avec 23 000 salariés, hors intérim, travaillant dans ces
établissements, la filière représente 2,5 % de l’emploi salarié régional
et 14,9 % de l’emploi industriel. Fin 2020, les établissements de la
filière emploient également 1 200 intérimaires, soit 5 % de leurs
effectifs. Cet écart deux fois moindre s’explique en partie par une
filière nucléaire n’étant pas sujette à des besoins saisonniers mais
davantage organisée par des projets conçus sur le long terme.
Cinq
des dix plus grands établissements industriels de la région travaillent
pour la filière nucléaire. Ainsi, les établissements de Framatome
localisés à Chalon-sur-Saône et Saint-Marcel et celui de General
Electric à Belfort comptent plus de 1 000 salariés chacun.
L’emploi
est fortement concentré dans les grands établissements. Un salarié sur
quatre travaille dans un établissement de 500 salariés ou plus, soit 2
fois plus que dans l’industrie régionale. La concentration de l’emploi
au sein des grands employeurs est particulièrement forte dans le segment
de la fabrication de composants et équipements pour installations
nucléaires de base. Dans ce principal segment, une personne sur deux
travaille dans un établissement de plus de 500 salariés.
La filière nucléaire est principalement présente dans cinq zones d’emploi
La filière nucléaire est très implantée dans quatre zones d’emploi où elle rassemble plus de 5 % des actifs (figure 2).
La
zone d’emploi de Chalon-sur-Saône profite de nombreux sous-traitants et
du centre d’expérimentation des techniques d’intervention sur les
chaudières nucléaires (CETIC). Ce centre de formation, unique au monde,
permet aux techniciens et ingénieurs de se former dans les conditions
réelles d’une centrale nucléaire. Toujours dans cette zone d’emploi, le
pôle de compétitivité de la filière nucléaire, Nuclear Valley, permet
d’animer le réseau des filières nucléaire civil et défense, notamment
sur le plan de l’innovation, de l’emploi et de la formation. Dans la
zone d’emploi de Châtillon-Montbard, la filière nucléaire est plus
particulièrement orientée dans la fabrication de tubes spécifiques pour
les centrales, conséquence notamment de la présence d’établissements
comme Salzgitter Mannesmann, Valinox (devenu Framatome) ou encore
Vallourec (devenu Valti). General Electric englobe plus des deux tiers
des salariés de la filière nucléaire de la zone d’emploi de Belfort. Par
ailleurs, dans ce territoire, quatre salariés du nucléaire sur dix
travaillent dans un établissement qui officie dans l’étude, la
conception ou l’analyse, soit deux fois plus que la moyenne. Plus de 8 %
des salariés de la zone d’emploi de Creusot-Montceau travaillent dans
un établissement de la filière nucléaire. La présence de grands
établissements comme Industeel, Framatome et Thermodyn contribue à une
forte spécialisation de cette zone d’emploi dans la fabrication de
composants et équipements pour installations nucléaires de base.
Dans
la zone d’emploi de Dijon, seuls 2,2 % des salariés travaillent pour la
filière nucléaire, mais cette zone d’emploi concentre 17,5 % des
effectifs régionaux de la filière. Avec plus de 1 000 salariés fin 2020,
le CEA Valduc est le plus gros employeur de ce territoire, hors
administrations publiques. Site de compétence pour les matériaux et
composants nucléaires des armes, il a pour mission essentielle la
conception et la fabrication des parties nucléaires des armes de
dissuasion.
Des salaires plus élevés dans la filière nucléaire
Parmi
les salariés de la filière nucléaire, 94 % sont en contrat à durée
indéterminée, soit 6 points de plus que la moyenne du secteur
industriel.
Les cadres et professions intellectuelles supérieures
représentent 28 % des effectifs salariés soit près de deux fois plus que
dans le secteur (figure 3). Nettement moins présents, les ouvriers sont
plus qualifiés. Cette structure de l’effectif salarié par catégorie
socio-professionnelle tend vers davantage de hauts salaires. Ainsi, le
salaire horaire net moyen dans la filière nucléaire s’établit à
19,4 €/h, soit 25 % de plus que dans l’industrie.
Cet écart demeure à
catégorie socio-professionnelle égale. Ainsi, fin 2020, un ouvrier qui
travaille dans un établissement de la filière nucléaire était par
exemple rémunéré en moyenne 14,8 € net de l’heure contre 12,7 € en
moyenne dans l’industrie.
De plus, à catégorie socio-professionnelle
identique, les salariés sont mieux rémunérés lorsqu’ils travaillent dans
un établissement d’un grand donneur d’ordre.
Moins de jeunes que dans l’industrie
Les
salariés du nucléaire sont majoritairement des hommes (80 %), âgés en
moyenne de 43 ans, soit un an de plus que la moyenne de l’ensemble des
salariés de l’industrie. Les salariés de moins de 30 ans sont
sous-représentés (figure 4). Peu de jeunes s’orientent vers le nucléaire
qui souffre d’une image négative et d’un manque d’attractivité envers
les formations associées. Ce secteur a également été confronté à des
changements d’orientation relatifs à la sortie du nucléaire lors des
deux dernières décennies. Par ailleurs, la sur-représentation des
salariés âgés de 30 à 39 ans peut s’expliquer par le niveau de
qualification et d’expérience requis plus élevé que la moyenne. Dans ce
contexte, le renouvellement et l’augmentation de la main-d’œuvre
constituent des défis pour répondre à la relance du nucléaire.
Déjà de fortes tensions pour recruter dans les principaux métiers
Les
dix principaux métiers du nucléaire couvrent 60 % des emplois de la
filière (figure 5). L’expertise des ouvriers qualifiés travaillant par
enlèvement de métal (usinage) est essentielle pour la fabrication de
pièces et de composants métalliques, au même titre que les ouvriers
qualifiés au formage du métal (soudeurs, chaudronniers, tôliers,
tuyauteurs). Les ingénieurs et les cadres techniques jouent un rôle dans
la conception, la modélisation, la construction et la maintenance,
conformément aux normes de sécurité et aux réglementations spécifiques à
l'industrie nucléaire. Les personnels d’études et de recherche
travaillent sur des projets visant à améliorer les technologies
nucléaires existantes et faire émerger des solutions innovantes. Parmi
l’ensemble des métiers exercés dans la filière (hors gestion
administrative), près d’un métier sur deux est en forte tension dans la
région. Des difficultés de recrutement se portent plus fortement sur
certains métiers, comme les ouvriers qualifiés travaillant par formage
de métal, du fait de conditions de travail contraignantes et de la
non-durabilité de l’emploi. D’autres comme les ouvriers qualifiés
travaillant par enlèvement de métal, requièrent une formation
spécifique, limitant l’accès au peu de personnes possédant cette
qualification.
D’ici 2030, des déséquilibres vont apparaître
À
l’horizon 2030, pour les 10 principaux métiers exercés dans la filière
nucléaire, les besoins en recrutement non couverts dans la région,
toutes filières confondues, seraient d’environ 12 000 emplois. Cela
représente aujourd’hui près d’un emploi sur dix de ces métiers. Cette
projection tient compte des départs à la retraite, des destructions ou
créations de postes et de l’arrivée de jeunes débutants.
Dans ce
contexte, il pourrait être nécessaire de faire appel à d’autres viviers
de recrutement qu’il s’agirait de former aux spécificités des métiers du
nucléaire. Dans certains métiers, la tension pourrait être plus
prononcée. Ainsi, entre 12 % et 18 % des postes de techniciens et agents
de maîtrise des industries mécaniques et de process et d’ouvriers
qualifiés travaillant par formage de métal seraient non pourvus. Ces
difficultés de recrutement pourraient entraîner des répercussions sur
d’autres secteurs industriels, comme celui de l’automobile où certains
métiers ont des compétences communes.
En revanche, les tensions
actuelles dans certains métiers se réduiraient en raison d’un surplus
potentiel de main-d’œuvre. Ce serait le cas des ouvriers de
l’électricité et de l’électronique (qualifiés ou peu qualifiés), métiers
dont le repli de l’emploi serait très marqué entre 2019 en 2030. Les
besoins en recrutement et les postes laissés vacants par les seniors
seraient comblés par les jeunes débutants et les travailleurs venus
d’autres régions.