Une amie l’avait invité à passer quelques jours de vacances à Autun, chez sa mère. Il n’a fallu que quelques jours avant que les gendarmes ne doivent intervenir.
L’homme est âgé de 27 ans. Il avait dû migrer d’Epinal à Vittel en raison d’une interdiction de contact avec son ancienne compagne. Une condamnation pour violences en février 2023 le contraint à vivre deux ans sous main de justice, en probation (12 mois à la clé au cas où).
A Vittel il bénéficie d’un hébergement social, quand une de ses amies lui propose de venir passer quelques jours de vacances à Autun, chez sa mère à elle. L’homme accepte volontiers et vient avec sa copine, rencontrée deux semaines plus tôt.
Le 7 novembre, que s’est-il passé ?
D’abord des courses le matin. Vodka et bière en enfilade au point que l’homme affichera une alcoolémie de 3 grammes quand il sera soumis à la mesure du taux. Il a l’habitude de boire. Il est dépressif, il boit. Il reste dépressif et il devient alcoolique. Récemment il a fait une tentative de suicide, parce que la douleur d’exister n’est pas un mythe. Il a des points de suture à l’intérieur du bras. C’est dans ce contexte que le 7 novembre, il se murge.
Il est donc soul quand survient un petit différend autour du « pot de tabac » qui contiendrait du CBD. Il veut du CBD mais il ne peut pas y accéder comme il veut, alors il menace de se suicider. Il est très énervé. Il insulte sa copine, il lui dit « je vais te crever, je vais crever tes enfants ». La menace de mort réitérée, retenue par le parquet, ne sera pas condamnée parce que « crever toi » et « crever tes enfants », ça fait deux menaces différentes et non la réitération de la même, or la loi exige la réitération de la même pour constituer l’infraction.
Comme quoi même avec 3 grammes on peut encore faire des choses
Ensuite, comme il menaçait de se suicider et histoire d’alimenter son drama ainsi que de travailler la tension nerveuse des femmes qui sont avec lui, il passe par le balcon et entreprend de descendre les trois étages en passant d’un balcon à l’autre.
Comme quoi même avec 3 grammes on peut encore faire des choses. Il a une solide constitution physique, ce garçon. Le problème c’est que psychiquement et socialement rien ne va.
« Vous êtes alors ivre mort, monsieur »
Une fois arrivée en bas, il remonte à l’appartement par des voies plus classiques et prend un couteau. Un bon couteau avec une grande lame.
Ainsi outillé, il essaie de couper les points de suture posés à l’intérieur de son bras il y a peu. Il lance à sa grande amie une phrase bien mystérieuse sur laquelle il n’est pas interrogé à l’audience, les forces du tribunal sont mobilisées pour tâcher de comprendre ce qui s’est passé dans ce logement. Il menace son amie ainsi : « Je vais te tuer. C’est de ta faute si je suis comme ça. »
Une des préventions se dissout dans l’exigence de la preuve
Ensuite il lâche le couteau. La mère, celle qui héberge tout le monde, soutiendra qu’il l’a menacée ou pire qu’il a essayé de lui planter le couteau dans le ventre.
Sauf que nul ne sait. Maître Fournier dira plus tard, au cours de sa plaidoirie, que même la fille de madame a déclaré que ce n’était pas vrai puisque sa mère se tenait à l’écart de la scène. Le prévenu, qui répond à toutes les questions que la présidente lui pose, est constant sur ce point : « Avec elle y a rien eu, y a pas eu d’histoire de couteau. »
Il enfreint le cadre du contrôle judiciaire
Le 7 novembre il est placé en garde à vue, puis sous contrôle judiciaire avec une convocation devant le tribunal correctionnel. Il a l’interdiction de tout contact avec les victimes de cette scène et où le retrouve-t-on ? Au pied de l’immeuble… « Je voulais prendre des nouvelles de ma copine. Je faisais rien de mal. » ça se peut mais il lui était interdit de le faire, par conséquent le contrôle judiciaire est révoqué, il est incarcéré et le voilà jugé dans ces conditions.
« Dépressif et suicidaire et alcoolique », « ouais »
27 ans, pas de diplômes, placé quand il était enfant car père violent (et alcoolique, dit-il), il est père mais ses enfants sont placés avec des droits de visite médiatisés, il perçoit le RSA. « Dépressif et suicidaire et alcoolique », « ouais ». Il fut peintre en bâtiment mais ne s’entendait pas bien avec son patron, alors il a quitté et a renoncé à travailler, parce que si c’est pour que ça se passe toujours mal…
La présidente relève « une dégringolade sociale, professionnelle et judiciaire » à partir de 2022-2023, est-ce qu’un événement particulier aurait rendu le sol glissant pour lui ? « Non. C’est moi qui ai choisi de me mettre dans ma bulle et dans l’alcool. » C’est lui qui a choisi… La réponse est à la hauteur de son désastre intérieur, on dirait.
Le pauvre est dans un état personnel bien difficile
Du reste il choisit tellement qu’il estime que le sevrage forcé en prison est suffisamment consolidé pour durer, sans rechuter.
Le tribunal, sans le décourager, tempère sa certitude, maître Fournier va dans le même sens : « problématiques avec l’alcool, et la dépression, « une peine mixte serait adaptée, la partie ferme aménageable rapidement, l’accompagner dans son sevrage ».
Une seule infraction est retenue en fin de course
L’avocate fait une demande de relaxe partielle sur les infractions que le parquet ne peut pas démontrer, lequel parquet en avait convenu sans difficulté tout en requérant une peine au final importante en raison de la « banalisation de l’alcool et de la violence » ainsi que d’infractions commises pendant un sursis probatoire.
4 mois ferme, incarcéré
Le tribunal relaxe l’homme de deux préventions, le déclare coupable de la troisième et le condamne, pour menace de mort en récidive à la peine de 2 mois de prison ferme, ordonne son maintien en détention, et révoque 2 mois du sursis probatoire en cours avec incarcération immédiate : ça fait 4 mois ferme.
En outre interdiction de porter une arme pendant 3 ans, et interdiction de tout contact avec la victime, c’est-à-dire sa grande amie, pendant 2 ans.
Trouver un hébergement avant de sortir de prison
« L’idée, monsieur, c’est que vous prépariez votre sortie : mettre des soins en place et un hébergement aussi. Le sursis probatoire reprendra à votre sortie. »
Un temps relativement court de prison plutôt que de le mettre à la rue comme ça, à la merci de l’alcool en vente libre partout.
FSA