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> Faits Divers > Tribunal
02/09/2022 20:08
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EPINAC : Le lendemain de Noël, il carresse les fesses de sa petite cousine...

En perte de repères, l'agresseur regrette son geste. Il écope d'une peine avec sursis. La victime reste traumatisée. Devant le tribunal, elle pleure...
C’est un membre de la famille, un proche, un cousin de la mère. Il est gentil, s’entend bien avec tout le monde, et quelquefois dort à la maison à Epinac, parce qu’en 8 mois il a perdu sa compagne (séparation), son meilleur ami (suicide), et son boulot (licenciement). Ça fait beaucoup alors parfois il passe la nuit sur le canapé, surtout ce lendemain de Noël, c’est trop cafardeux d’être seul.


Ce soir-là


Mais ce soir-là, du 26 décembre 2021, il ne reste pas sur le canapé, il rejoint Z. dans sa chambre. La jeune fille a 16 ans, elle s’est couchée mais ne dort pas encore. Elle est tournée sur le côté dos à la porte, et regarde des trucs sur son smartphone. Le cousin de sa mère est entré, il l’a prise par la taille « par-dessus la couette » précise la présidente Clara Verger. Puis il s’allonge, tout habillé, à côté d’elle et lui touche les fesses « par-dessus son pyjama ». Devant les gendarmes elle mime une caresse, trois fois. Elle est tétanisée, bouge en faisant semblant de dormir, pour qu’il parte. Il va rester toute la nuit dans son lit, il y dort.


« Traumatisée »


Depuis, rien ne va. « Traumatisée », dit pour elle maître Foveau qui dresse un tableau rapide du désastre, sur cette toute jeune personne, de cette agression par surprise chez elle : « Elle ne va plus en cours, elle reste enfermée dans sa chambre, elle fait des malaises, au CMP on lui a prescrit des anti-dépresseurs. » L’avocate dit avoir été inquiète par son état de détresse. L’adolescente souffre d'une anxiété forte, désormais.
(Agressée dans un lieu où elle devait se sentir en sécurité, à l’abri, dans la paix : sa chambre, et par un proche. La doublette est terrifiante, c’est sans doute le pire qui puisse arriver, et on le précise parce que vu de l’extérieur, une main sur les fesses, ça reste encore un truc que certains peuvent relativiser, or il est impossible de relativiser ce type d’agression, a fortiori dans le propre lit de la victime : où se sentir en sécurité après ça ?, ndla)


« Personnalité évitante », « capacités intellectuelles limitées »


L’homme qui est jugé ce vendredi 2 septembre devant le tribunal correctionnel, n’est pas flambard. Lui non plus ne sort plus de chez lui, désormais. Il se tient comme discrètement à la barre, les mains jointes dans le dos, un tatouage qui court le long de l’intérieur de son avant-bras dépasse de la manche de son sweat bleu. Il a vu un expert psychiatre, c’est obligatoire pour tous les faits de nature sexuelle. Le médecin relève « un trouble de la personnalité, une personnalité évitante avec de multiples inhibitions, et des capacités intellectuelles limitées », « grande solitude, détresse qui a pu favoriser le passage à l’acte ».


La présidente : « Vous pouvez dire quoi à Z. aujourd’hui ? »
Le prévenu : « J’ai fait une grosse bêtise »


Il ajoute à la succession des pertes qu’il a essuyées toute l’année, la perte de ses relations avec la famille de Z. Quand elle a eu connaissance des faits, la mère a réglé ça manu militari : elle a saisi son cousin par le col, l’a collé contre le mur, et lui a dit qu’elle ne voulait plus jamais qu’il remette les pieds chez eux.
Il se trouve que l’ex-compagne du prévenu, mère de ses deux enfants, l’accuse d’attouchements sur leur fille. Il semble que la plainte soit classée sans suite, à vrai dire à l’audience nul n’a trace de ces faits. La présidente s’en soucie tout de même : Le geste contre Z. était-il un acte isolé ou l’indice d’un problème plus profond et plus grave ? Elle devra reformuler sa question, car l’homme qui lui fait face ne comprend « pas de trop ».


« Je regrette ce que j’ai fait »


Casier vierge, du travail de nouveau depuis août (au moins ça le sort de chez lui), un CDI dans son domaine habituel. Il s’excuse : « Je regrette ce que j’ai fait. » La jeune victime pleure.
La représentante du ministère public parle d’éléments « inquiétants », requiert la peine de 12 mois de prison entièrement assortis d’un sursis probatoire pendant 2 ans.
« Vous n’avez aucun élément qui dise que monsieur est un agresseur habituel. C’était un acte isolé, commis à une période compliquée de sa vie. Ses fragilités personnelles et l’isolement (fin de la vie de famille, du boulot, ndla) l’ont conduit à ce geste. » Thomas Ronfard plaide en faveur d’un sursis simple. « Il a bien compris qu’il avait transgressé un interdit. » L’avocat souhaite à la victime de surmonter le traumatisme et de reprendre le cours de sa vie.


Deux ans sous main de justice, 10 mois de prison en réserve


Le tribunal déclare le prévenu coupable, le condamne à la peine de 10 mois de prison entièrement assortis d’un sursis probatoire pendant 2 ans. Obligations de soins psychologiques, de travailler, d’indemniser la partie civile. Interdiction de tout contact avec la victime. Peines complémentaires : interdiction de toute activité au contact de mineurs, y compris bénévolement, pendant 10 ans ; inégibilité pendant 5 ans. Le tribunal constate l’inscription de l’homme au FIJAIS, le fichier judiciaire automatisé des auteurs d’infractions sexuelles.
La présidente demandait au prévenu sa position à l’audience : « Je regrette ce que j’ai fait. – Et qu’avez-vous fait ? – Je lui ai touché les fesses. »
Florence Saint-Arroman