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08/05/2025 03:17
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Cérémonie du 8 mai 1945 (80ème anniversaire) : Hommage aux membres du réseau Alliance d'Autun et de Saint Symphorien de Marmagne

Par Michel et Marie-Jeanne PAUTET - CHANLIAU.
Cet hommage sera dédié à Rémy PERRIER, curé du village et à Pierre CHANLIAU et ses trois fils, membres du réseau de renseignement mais aussi à tous ceux d'Autun du réseau Forteresse.
Alliance est le plus important réseau de renseignement et d'espionnage en France créé début 1941, en relation directe avec le Secret Intelligence Service (S.I.S.) britannique qui fournit postes émetteurs, codes, argent et armes avec générosité.
Parallèlement au groupe de résistance d'origine spontanée et locale : les maquis, dont les activités sont commandées par des impératifs d'actions.
Ces deux entités seront complémentaires et toutes deux sont résistantes face à l'envahisseur. Elles ont participé grandement à la libération de la France.
Le réseau Alliance compta jusqu'à 2 800 membres en 1943. 450 agents de ce réseau furent fusillés ou moururent en déportation.
En effet, le réseau Alliance fut fragilisé vers le milieu de l'année 1943 partout en France, mais aussi et surtout dans l'Autunois, fragilisé par une certaine inexpérience de certains, un manque de formation, mais surtout par l'infiltration du réseau par des traitres, des espions doubles à la solde des S.S.. Pour l'Autunois ce furent 25 membres arrêtés en septembre-octobre-novembre 1943, tous morts pour la France, massacrés lors de leur arrestation, lors de leur emprisonnement, des tortures, exécutés dans la cour de la prison, lors de leur séjour en camp d'extermination (N.N.), et surtout lors des massacres de 1944.
En été 1943, les postes émetteurs et les caches situées dans la montagne de la Certenue furent localisés par la GESTAPO.
Rémy PERRIER, Marcel GUERRIN d'Autun, Pierre Marie CHANLIAU et ses trois fils (Jean, Pierre & Alfred) sont arrêtés en septembre 1943, emmenés à la prison de Chalon-sur-Saône pour un mois d'interrogatoires quotidiens. Ils furent battus et torturés. Leur attitude fut exemplaire.
Ils furent ensuite transférés à la prison de Fresnes, puis Strasbourg, puis Kehl et Fribourg en février 1944. Là, ils seront jugés par un conseil de guerre composé d'officiers supérieurs S.S..
     - CHANLIAU Jean-Marie, né en 1894, condamné à mort.
     - CHANLIAU Pierre, né en 1923, condamné à mort.
     - GUERRIN Marcel, né en 1903, 10 ans de réclusion et de travaux forcés.
                                                          déportation N.N.
     - PERRIER Rémy, né en 1899, 10 ans de réclusion et de travaux forcés.
                                                         déportation N.N.
     - CHANLIAU Jean, né en 1921, 5 ans de réclusion et de travaux forcés
                                                         déportation N.N.
     - CHANLIAU Alfred, né en 1926, trop jeune pour être jugé sera déporté directement vers le Struthof, puis vers Dachau. Il sera porté disparu à quelques jours de la libération du camp.

Pierre Marie CHANLIAU et son fils, Pierre, sont transférés à la prison de Ludwigsburg au nord de Stuttgart et seront exécutés le 23 mai 1944 avec 14 camarades, tous membres Alliance d'autres régions. Tous ces suppliciés seront inhumés dans un cimetière bien entretenu, une croix portant leur nom sur chaque tombe. Après la guerre, leurs corps furent rendus aux familles. Ludwigsburg est la seule ville qui dérogea aux consignes draconiennes du terrible décret "Nacht und Nebel".
Jean CHANLIAU, Marcel GUERRIN d'Autun, le curé Rémy PERRIER quittèrent la prison de Fribourg en B. Le 19 mai 1944 pour le pénitencier de Sonnenbourg en Prusse (Pologne) après un passage par les prisons de Karlsruhe, Francfort, Leipzig, Dresde et Breslaw.
Le 14 novembre 1944, départ pour le camp de concentration de Sachsen Hausen-Oranienbourg à l'est de Berlin. Ils travaillèrent au commando des usines Heinkel (morteurs d'avions et de camions).
Marcel GUERRIN rentra à l'infirmerie en décembre 44 et ne revint pas...
L'abbé PERRIER, fatigué lui aussi, atteint du typhus, rentra à l'infirmerie du camp fin février 1945. Personne ne le revit. Il fut assassiné par la piqure mortelle...
Jean Paul LIEN, alias Flandrin pour la GESTAPO, le traitre qui est à l'origine de leur arrestation et de leur mort, fut arrêté en janvier 1945 caché sous un uniforme de capitaine F.F.I.. Il est jugé à Dijon et sera fusillé le 30 octobre 1946 au Fort de Sennecey les Dijon.
Seul Jean CHANLIAU est revenu très affaibli du camp après une marche de la mort de 10 jours, libéré le 3 mai 1945 par l'armée Rouge. Il reprit son métier d'agriculteur, marié, père de 4 filles, élu conseiller général de Mesvres et décédé en 1979.
Cette phrase de Saint Exupéry figure sur le mémento souvenir des CHANLIAU :
"Ce n'est pas la mort qui nous prend ceux que nous aimons, elle nous les garde au contraire et les fixe dans leur jeunesse adorable."

Avril 2025 - Michel & Marie-Jeanne PAUTET-CHANLIAU