Le Président du conseil départemental de Saône et Loire est catégorique : «Avec de l’entretien, du bon sens, je suis convaincu que certains secteurs de la vallée de l’Arroux n’auraient pas été inondés, que des maisons auraient été épargnées !»
«Qu’on soit bien d’accord, avec ce qui est tombé, il est normal qu’on ait une crue de l’Arroux. Mais celle-ci est amplifiée par le fait que les fossés, les ruisseaux et les rivières ne sont plus entretenus. On laisse s’accumuler des branchages et parfois des arbres. En fait, on fait comme les castors. Et de façon mathématique cela fait monter le niveau des eaux et donc des crues. Ce qui veut dire qu’avec de l’entretien, du bon sens, je suis convaincu que certains secteurs de la vallée de l’Arroux n’auraient pas été inondés, que des maisons auraient été épargnées !»
C’est ce qu’André Accary, président du conseil départemental de Saône et Loire, interrogé par nos soins, déclare au sujet de la très exceptionnelle crue de l’Arroux de ce début du mois d’avril 2024.
Et il enfonce le clou : «C’est la conséquence des normes et des réglementations multiples et variées, les mêmes qui sont dénoncées par les paysans».
Il est un fait que la crise agricole a vu se lever un vent de contestation très très fort contre les normes et les réglementations sur les haies et sur les fossés».
André Accary, pour preuve, cite en exemple la photo publiée sur le compte «paysan heureux» sur X. Son auteur, Henri Guillemot précise que la photo a été prise avant le week-end de Pâques. On y voit des branchages s’accumuler sur les pilets d’un point. «C’est le pont du diable à Toulon sur Arroux. Ce pont date du 12ème siècle. Il a résisté au temps et il ne faudrait pas qu’il soit mis en péril parce qu’on ne touche pas aux branchages. En s’accumulant ils créent une résistance plus forte à l’eau qui doit passer. Ce n’est quand même pas normal de laisser ces situations», assène Henri Guillemot.
Il est intarissable au sujet de l’Arroux : «L’été on peut voir de grands bancs de sable qui n’existaient pas avant. Il ne faut pas y toucher pour je ne sais quelle raison, alors qu’avant ce sable était prélevé et l’Arroux vivait très bien !»
Le Président du conseil départemental est sur la même ligne : «Il faut retrouver du bon sens. Les fossés comme les rivières il faut les entretenir. Il faut en finir avec les normes et les réglementations qui l’empêchent. Je rappelle qu’un Maire, celui de Versaugues, a été condamné pour avoir fait curer un fossé sur sa commune».
L’amplification de la crue de l’Arroux n’a pas été une surprise pour André Accary : «J’ai pu le constater, dans le Pas de Calais, avec ma casquette de Président des SDIS de France. Dans le Pas de Calais aussi la fin de l’entretien des rivières et des fossés a vraiment augmenté la hauteur des crues».
En Saône et Loire, André Accary annoncé que «le Préfet va réunir tous les acteurs, pour essayer de trouver des solutions». C’était une revendication de la profession agricole. Cela pourrait bien être aussi, désormais, une revendication des Maires et des élus des communes traversées par des rivières. «De toute façon, il faut absolument revenir à un minimum d’entretien. Retrouver du bon sens. Vous vous rendez compte qu’aujourd’hui plus personne ne sait ce que l’on a le droit de faire ou de ne pas faire. Enlever du sable, des cailloux, des branchages, les élus ne savent plus s’ils ont le droit. Et les agriculteurs non plus. On arrive à des situations ubuesques. Et je le dénonce avec force».
Alain BOLLERY
(Photo Henri Guillemot)