Le vice-président du conseil départemental de santé a eu un gros coup de
sang, avec de la colère dans la voix, en réaction aux propos et aux
demandes de Jean-Luc Fonteray au nom du groupe Gauche 71. André Accary a
annoncé l'arrivée plus que probable d'une «1ère année de médecins», en
Saône et Loire, à la prochaine rentrée.
Le centre départemental de santé était à l’ordre du jour ce jeudi au
conseil départemental, de Saône et Loire, avec la présentation du
rapport du rapport de la chambre régionale des comptes, dont on peut
retenir qu’il recommande la mise en place d’une comptabilité analytique,
pour mieux cerner les dépenses autant que les rentrées.
Jean-Luc
Fonteray a pris la parole au nom du groupe Gauche 71 pour formuler un
certain nombre de souhaits et de demandes chiffrées.
André Accary a
d'abord rappelé que c'est lui qui avait souhaité un rapport de la
Chambre Régionale des Comptes, pour pouvoir optimiser le centre
départemental de santé.
L'intervention de Jean-Luc Fonteray a fait
bondir Dominique Lotte, visiblement très colère, qui a monté d’un ton en
rappelant la réalité vécue par tous les élus avec les habitants qui
leur demandent des médecins. Ambiance, ambiance…
Jean-Luc Fonteray
«Comme
le prévoit la loi, vous nous présentez les actions entreprises à la
suite des observations et analyses de la Chambre régionale des comptes
(CRC). CRC que vous avez qualifiée en AD de décembre comme le « dernier
de juge de paix », nous en sommes d’accord.
Nous avons toujours
soutenu les décisions concernant le centre de santé départemental. Nous
le soutenons car c’est un outil pertinent pour répondre aux besoins de
la population. Cette opinion est partagée par les collectivités locales
qui sont partie prenante de leur développement. Nous le soutenons enfin
car aucune autre alternative nationale ne permet de garantir l’accès aux
soins de nos concitoyens.
Nous l’avons formulé à maintes reprises,
ce soutien ne peut et doit pas exclure la transparence sur les
indicateurs de gestion, indicateurs qui doivent en refléter la montée en
charge, le degré de réponse aux besoins de la population, les coûts, la
complémentarité avec la pratique libérale …
Le rapport de la CRC a
pointé des éléments de fragilité que l’on ne peut ignorer, sous peine de
voir cet outil de nos territoires menacé.
A ce titre, la mise en
place d’une comptabilité analytique et d’indicateurs constitue un moyen
d’analyser et d’optimiser le fonctionnement du centre de santé, tout en
apportant toute transparence sur le fonctionnement des centres et de
leurs antennes. Ce n’est qu’au prix de cette transparence que la
légitimité du centre de santé sera confortée. Cette demande, la CRC l’a
faite, notre groupe d’opposition également.
Or, au bout d’un an, vous
vous limitez à indiquer que le Département a « enclenché la
construction d’une comptabilité analytique ». En termes de suivi des
préconisations, avouez que nous restons sur notre faim. Rien n’est
indiqué sur les critères, les outils que vous auriez déjà dû mettre en
place. Nous vous avons déjà posé ces questions en commissions et lors
d’instances précédentes. En l’absence de réponses, nous les réitérons :
- Quel est le coût unitaire d’une consultation au CSD en 2023 ?
- Quelle est la part contributive moyenne du département sur ce coût unitaire ?
- Quel
est le nombre quotidien de consultations par médecin sachant que
l’objectif initial que vous vous étiez fixés était de 17,1 ?
- Quelle est la part d’activité réelle du CSD sur les missions internes du Département ?
- Quel est le délai moyen d’obtention d’un RV pour une consultation hors urgence ?
- Quel
est le nombre de personnes sollicitant le CDS et ne pouvant être prises
en charge ce qui permet de jauger la carence de soins qui subsiste ?
Tous
ces indicateurs incontournables, évoqués dans le rapport de la CRC
doivent résulter d’une comptabilité analytique et de la construction
d’un pilotage affirmé et territorialisé.
Le centre de santé apporte
sur les territoires un vrai service à la population. Son fonctionnement
montre des fragilités que seule une analyse objective permettra
d’anticiper et de surmonter. C’est la meilleure façon de le renforcer»
André Accary
«Je
suis toujours embarrassé, quand vous parlez de transparence, sur tous
les sujets, car on l’a souhaitée. A moins que vous mettiez en cause la
pertinence et l’honnêteté des magistrats de la Chambre Régionale des
comptes. Oui j’ai souhaité ce regard extérieur. Un regard et qui propose
des lignes de conduite. Cela a été le sens de notre démarché. Oui nous
avons eu des soucis informatiques, mais cela a été compliqué avec
pourtant la meilleure entreprise. Oui il y a des choses à améliorer. A
moins de remettre au cause la CRC. Les recommandations sont du détail.
Le fondement n’a pas été remis en doute. Oui ce n’était pas notre
mission. Je ne sais pas si vous allez oser demander à votre médecin, ce
que vous me demandez, à savoir combien dure ses consultations. Je vous
rappelle que 40% des patients sont des cas lourds. Oui je veux bien des
chiffres, mais on est sur de l’humain. Les médecins ont récupéré des
personnes sur des cas lourds qui demandent du temps.
Concernant les listes d’attente, c’est très difficile à mesurer.
D’après
les témoignages des élus de la région de Louhans, c’est mieux qu’avant.
C’était le cas dans le Chalonnais, mais ça se dégrade. Dégradation des
délais sur le secteur de Digoin, avec deux départs. C’est à chaque fois
1500 à 2000 patients ; On continue de faire tout ce que l’on peut pour
favoriser l’installation de médecins libéraux, pour l’attractivité, on
va continuer à investir sur le recrutement des médecins.
On
travaille pour accueillir des étudiants en médecine, pour faire leur Fac
en Saône et Loire, avec des liens avec la Fac de Médecine de Dijon.
Comme ceux qui doivent le faire ne le font pas, on est bien obligé de le
faire.
Créer des liens avec des jeunes, c’est de l’investissement.
J’espère un accord avant l’été, pour que l’on ait la 1ère année de
médecine en Saône et Loire.
La seule question que je me pose, c’est de savoir si les habitants auront plus de facilité d’accès pour un médecin»
Jean-Luc Fonteray
«Vous
avez fait une insinuation sur mon ressenti. J’ai indiqué que vous aviez
parlé de juge de paix et nous le partageons. Nous au contraire de
certains élus qui ont été sénateurs on n’a pas souhaité la suppression
de la Chambre Régionale des Comptes. C’est en s’appuyant sur les
chiffres que l’on confortera la structure.
Dominique Lotte
«Je
veux bien que l’on soit sur une mécanique systématique organisée. Oui
la comptabilité analytique c’est majeur. Mais je voudrai que l’on passe
au dessus. Vous êtes des élus. L’enjeu c’est la situation d’une partie
de nos habitants. Les gens qui viennent me voir le mercredi après-midi à
la mairie de Gueugnon. Ils ne demandent pas les résultats de la chambre
des comptes, ce qu’ils demandent c’est quand est-ce que je vais avoir
une visite. Monsieur le Maire débrouillez vous, faites ce qu’il faut
trouvez un médecin, trouvez un cardio. Ce n’est pas de savoir si la
Chambre Régionale des Comptes donne des bons résultats. Je veux bien
qu’on sache combien un médecin passe sur une visite. On met des moyens
pour trouver des solutions, c’est ce que l’on attend de nous. Derrière
soyons encore plus volontaires pour trouver des médecins».
Jean-Luc Fonteray
«C’est pour cela qu’il faut soutenir le centre de santé»
André Accary
«Merci de le dire, cela n’a pas toujours été le cas»
Alain BOLLERY