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24/01/2024 03:17
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Frédéric Brochot : «Le mépris des agriculteurs, ça suffit !»

Eleveur et vice-président du conseil départemental de Saône et Loire, Frédéric Brochot est en colère. Car pour lui, la révolte des agriculteurs est la conséquence du mépris dont ils sont l’objet.
Il est colère, très colère Frédéric Brochot. «Déjà mes pensées vont à la famille d’Alexandra et de sa fille qui sont décédées. Je pense au mari et père de famille qui est gravement blessé. Je suis infiniment triste de voir que l’on peut perdre la vie pour avoir voulu défendre l’agriculture française…»
C’est avec de l’émotion plein la voix que Frédéric Brochot a répondu, mardi soir, à notre sollicitation alors que la crise qui frappe l’agriculture a généré un mouvement qui, jeudi, va arriver en Saône-et-Loire.
«Comment en est-on arriver à ce qu’une profession entière soit obligée de manifester pour se faire entendre».
L’éleveur d’Autun pointe d’abord le mépris. «Oui, le mépris des agriculteurs ça suffit», di-il, avant de parler des normes qu’elles soient européennes ou nationales. Il évoque aussi les lourdeurs administratives. Et de rappeler : «Depuis trop d’années des agriculteurs n’ont plus de revenus en rapport avec leur travail et ils peinent à vivre, à joindre les deux bouts. Alors oui, c’est logique qu’en Saône et Loire la profession se mobilise, car notre département c’est une petite France».
Il dit cela, car il rappelle : «Le Ministre de l’agriculture est venu deux fois dans notre département. Il est venu pour écouter. Oui il nous a écoutés, mais il n’en est rien ressorti. Il y a là du mépris».
Mais Frédéric Brochot ne se limite pas à pointer la responsabilité du pouvoir. Il évoque tous ceux, «dont les écologistes, qui à longueur d’années, veulent nous donner des leçons. Là on ne les voit pas. Avec trois phrases, des petits discours, ils essayent de profiter de la situation. Ce n’est pas très glorieux…»
Revenant sur les normes, Frédéric Brochot est catégorique : «Oui on peut faire plus simple. On l’a vu quand le département est venu en aide aux éleveurs pour la sécheresse ou pour les récupérateurs d’eau…»
Ah les récupérateurs d’eau. Sur le sujet, Frédéric Brochot monte d’un ton : «On nous a dit qu’on allait sur le champ économique. La Région a repris l’agriculture et aujourd’hui pour les agriculteurs et les éleveurs, c’est comme un parcours du combattant. Il faut lever toutes les barrières».
Et évidemment il parle des subventions pour les installations des jeunes agriculteurs : «Vous vous rendez vous, on a quand même demandé à des jeunes agriculteurs qui ont monté un dossier, de prouver qu’ils n’étaient pas en retraite. Oui, oui, la Région a osé demander à de jeunes agriculteurs de prouver qu’ils n’étaient pas retraités ! En fait, derrière tout cela, c’est qu’aujourd’hui on empêche les gens de travailler».
Frédéric Brochot a aussi le ton très dur contre la loi EGALIM… «Personnellement je n’y ai jamais cru. Je pensais même que le Ministre de l’agriculture allait changer.  Qu’a-t-il fait contre les grands groupes et contre la grande distribution. La vérité c’est que l’Etat ferme les yeux.
Il parle du pouvoir d’achat des ménages, mais la vérité ce sont les agriculteurs qui payent… Quand Michel Edouard Leclerc parle du pouvoir d’achat, il pense surtout à ses marges. Et ce sont les agriculteurs qui payent, même si localement, en Saône et Loire, Leclerc et Intermarché font travailler les éleveurs. Mais à côté, on leur impose d’acheter à des centrales qui écrasent les producteurs. Et puis, il y a trop d’importations. Et aux importateurs on n’impose pas ce que l’on impose aux agriculteurs français»
Alain BOLLERY