
En janvier 2018, le procureur de la République Damien Savarzeix
annonçait l’installation de l’association d’enquête et de médiation
(AEM) en Saône-et-Loire pour piloter un dispositif visant la prévention
de la récidive. AIR, pour « accompagnement individualisé renforcé ».

Ce 27 mars 2025, les procureurs des ressorts de Mâcon et de
Chalon-sur-Saône font le point, à l’occasion du renouvellement d’une
convention triennale qui accueille de nouveaux signataires à sa table.
En
2018, le procureur de la République présentait le dispositif ainsi :
Projet « résolument partenarial » puisque participent à son financement
les grandes collectivités territoriales du département, la préfecture et
la justice, il sera mis en œuvre par l’association Enquête et médiation
(AEM), le service pénitentiaire d’insertion et de probation (SPIP), les
deux juridictions et le centre pénitentiaire de Varennes.
Le
public ciblé : des personnes multi-récidivistes sans pathologie
psychiatrique lourde. Cela concernerait idéalement 160 personnes par an
en Saône-et-Loire.
Le principe : un accompagnement individuel et
social renforcé sur une période de 6 mois (renouvelable 1 fois). L’idée
est d’intervenir sur tous les plans (logement, insertion familiale,
sociale, professionnelle) avec une attention particulière à l’injonction
de soins. »
« Mettre les moyens, pour éviter le renouvellement de l’infraction et qu’il y ait de nouvelles victimes »
En
2025, Patrice Guigon, procureur qui a succédé à Damien Savarzeix, fait
ce constat positif : la mise en œuvre du dispositif AIR fait baisser le
taux de récidive. « Il s’agit de mettre les moyens, pour éviter le
renouvellement de l’infraction et qu’il y ait de nouvelles victimes.
C’est un dispositif adapté qui s’inscrit dans toutes les politiques
publiques. »
« AIR, c’est un peu du sur mesure, c’est pluridisciplinaire et plurifactoriel »
Anne-Lise
Furstoss, procureur de la République près le TJ de Mâcon salue la
« pérennisation d’un dispositif social en matière de prévention de la
délinquance qui a montré son efficacité. AIR, c’est un peu du sur
mesure, c’est pluridisciplinaire et plurifactoriel. »
Le dispositif
fait partie, lorsqu’un tribunal l’ordonne, de la sanction mais permet, à
ceux qui s’en saisissent (les gros réfractaires doivent sortir du
dispositif), de retrouver une place dans la société.
Céline Bertetto,
juge de l’application des peines au TJ de Mâcon, parle pour les
magistrats du siège : « Ce dispositif ajoute au panel de mesures
possibles. AIR est rassurant, il concerne les gens qui cumulent les
difficultés. AIR permet aussi de créer des parcours d’exécution de
peines. » Elle ajoute que voir des gens s’en sortir et donc en sortir
(des radars de l’institution judiciaire) et une grande satisfaction.
Un coût infiniment moins lourd qu’une journée de détention
Le
coût de ce dispositif reste également un argument : 12 euros par jour
pour une personne sous main de justice, contre 134 euros par jour pour
un détenu.
Salwa Philibert, sous-préfète, est venue soutenir, et
l’esprit de cette convention (le partenariat qu’elle engage) et sa
lettre, et son financement.
Ils partirent à quatre en 2018 et arrivèrent à huit en 2025
En
2018, les 4 principales communes du département s’investissaient, en
2025, le directeur de l’AEM annonce l’arrivée de 4 autres communes ou
communauté de communes (dont la ville de Gueugnon et le grand
Autunois-Morvan, la communauté d’agglomération Mâconnais-Beaujolais,
pour le Brionnais Sud Bourgogne, c’est en cours). AIR via l’association
d’enquête et de médiation, élargit son inscription dans « les bassins de
vie ».
Dans le code pénal : « favoriser son amendement, son insertion ou sa réinsertion »
Le
Département de Saône-et-Loire fut précurseur en la matière et s’en
félicite. La ville de Chalon s’inquiétait de « la sécurisation
financière du dispositif qui passe par un élargissement de la base des
partenaires financiers », « huit collectivités font des efforts pour
l’ensemble du département »
Les représentants des autres
collectivités soulignent davantage l’apport de ce dispositif en termes
de levier d’action pour la réinsertion, mais aussi d’un maillage social
qui modestement se retisse en soutenant l’effort de l’institution
judiciaire. L’objectif est inscrit dans la loi, à l’article 130-1 du
code pénal :
« Afin d'assurer la protection de la société, de
prévenir la commission de nouvelles infractions et de restaurer
l'équilibre social, dans le respect des intérêts de la victime, la peine
a pour fonctions : 1° De sanctionner l'auteur de l'infraction ; 2° De
favoriser son amendement, son insertion ou sa réinsertion. »
18 signataires en tout pour cette convention
Sont également partenaires de cette convention :
-
au tout premier chef, le SPIP, service pénitentiaire d’insertion et de
probation – Hamdi Benalaya, directeur du SPIP 71 : « Nous travaillons
sur l’aspect criminogène, nous pouvons avec AIR, nous appuyer sur une
expertise fine des difficultés sociétales »- ;
- mais aussi
l’association Sauvegarde 71, l’association Addictions France, la
direction interrégionale des services pénitentiaires, l’association
régionale de santé (ARS) de Bourgogne-Franche-Comté.
L’accès aux soins
Personne
n’a évoqué un point pourtant névralgique : les difficultés d’accès aux
soins, qu’ils soient somatiques ou psychiques. Pourtant, tout le monde
en pâtit. De ce point de vue, intégrer le dispositif AIR est une chance
pour une personne condamnée, car elle est activement aidée.
On
entend trop souvent, en salle d’audience, des prévenus sous contrôle
judiciaire ou des récidivistes interrogés sur l’effectivité de leurs
soins, témoigner d’inscriptions sur listes d’attentes, de délais longs,
ou de rendez-vous trop espacés pour remplir leur office (à supposer que
la personne en soit demandeuse, car obligation n’est pas demande).
« Les problématiques judiciaires sont des problématiques sociales et partagées »
Pour
le reste, tous les partenaires apprécient ce maillage qui les rapproche
les uns des autres. Le dispositif aurait accompagné en 2024 entre 120
et 140 personnes. La prévention de la récidive intéresse et concerne
toutes les collectivités territoriales, il n’y a aucun sens à abandonner
cette responsabilité dans les seules mains de l’institution judiciaire,
comme le disait le procureur en poste en 2018 : « Les problématiques
judiciaires sont des problématiques sociales et partagées. »
FSA







