
Dans une lettre ouverte au Préfet de Saône-et-Loire Yves Séguy, le
Président de la FDSEA et celui des Jeunes Agriculteurs disent le
désarroi et la colère des agriculteurs face aux attaques du loup. «Nous
attendons des actes, pas des promesses»
Lettre ouverte au Préfet de Saône -et-Loire Gestion du loup en Saône-et-Loire : que fait-on pour stopper les attaques ?
Monsieur le Préfet,
Nous
tenons à vous interpeller suite aux récentes attaques de loup sur des
ovins et bovins survenus dans de nombreuses communes de Saône-et-Loire.
Ces nouvelles prédations viennent aggraver une situation déjà critique
pour les éleveurs locaux, confrontés à une pression insoutenable et
inacceptable.
La Convention de Berne a entériné le déclassement du
loup, et ce travail se poursuit actuellement au niveau européen, avec
une révision en cours de son statut juridique. Dans ce contexte, nous
souhaitons anticiper les enjeux à venir. Il est impératif de préparer
dès maintenant cette nouvelle phase en autorisant des tirs de
régulation, face à des loups adoptant des comportements de plus en plus
agressifs envers les troupeaux comme l’a indiqué la Ministre de
l’Agriculture (JDD du 4 mai).
Le classement actuel en Cercle 1, sans
concertation suffisante et contre l’avis de la profession, n’est pas en
phase avec la réalité des exploitations. Les mesures de protections
drastiques imposées ne sont pas adaptées aux réalités du terrain et
complique la mise en place des TDS. Nous rappelons avec force que nous
nous étions opposés à ce passage en Cercle 1, craignant une mise en
œuvre trop rapide, déconnectée des capacités de mise en conformité des
éleveurs – ce qui s’avère aujourd’hui exact.
Face à cette situation, nous sollicitons la mise en place des mesures suivantes, en urgence :
• Nous demandons votre venue sur le terrain dans les plus brefs
délais. Les éleveurs attendent des explications claires sur votre vision
du cercle 1, ainsi que sur la stratégie que vous entendez mettre en
œuvre pour permettre aux professionnels de l’élevage du département de
défendre efficacement leurs troupeaux. Il n’est plus question de subir
en silence pendant que les attaques se multiplient.
•
Nous demandons également que les six communes du secteur de Morey soient
immédiatement reclassées en cercle 2. Les délais réglementaires le
permettent encore. Ce reclassement est indispensable pour adapter les
moyens de protection aux réalités locales.
• Par
ailleurs, les conditions imposées en cercle 1 sont inadaptées et doivent
être assouplies. Il est incompréhensible que les parcs de regroupement
nocturnes, reconnus comme moyens de protection valides en C2, ne le
soient pas en C1. Cette incohérence pénalise les éleveurs sans
justification technique ou scientifique, et crée des tensions
supplémentaires et inutiles autour de ce dossier déjà extrêmement
complexe.
• Nous exigeons également que les tirs de
défense soient autorisés pour les troupeaux bovins. La prédation ne se
limite pas aux ovins, et les éleveurs doivent pouvoir protéger
l’ensemble de leurs animaux.
• Enfin, nous tenons à
rappeler que la profession agricole s’était opposée au passage en C1
dans ce secteur. Les éleveurs n’étaient ni prêts à se protéger, ni à
cohabiter avec le prédateur. Ce choix unilatéral de l’administration,
contre l’avis des acteurs de terrain, démontre aujourd’hui toute son
absurdité.
Les éleveurs sont aujourd’hui à bout. Il est temps de
réviser cette stratégie, avant que d’autres attaques ne viennent encore
aggraver la situation et démotiver des acteurs déjà durement éprouvés.
Nous attendons des actes, pas des promesses, et l’État ne peut plus se
contenter de regarder ailleurs.
Dans l’attente de votre réponse
rapide et concrète, nous vous prions d’agréer, Monsieur le Préfet,
l’expression de notre détermination.
Christian BAJARD – Président de la FDSEA 71
Maxime BONNOT – Président des Jeunes Agriculteurs de Saône et Loire