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01/07/2025 07:45
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SAONE ET LOIRE : Le Projet Agricole Territorial 2025-2030» n'a pas fait l'unanimité au conseil départemental

Il concerne la restauration collective et il a été présenté par Frédéric Brochot. La gauche, par la voix de Frédéric Cannard, a pointé le sort réservé au bio et s'est abstenue. «On n'a pas de leçons à recevoir», a taclé le Président Accary.
Les élus du conseil départemental de Saône-et-Loire étaient appelés, lundi, à examiner et voter le projet alimentaire territorial (PAT) pour la période 2025-2030. C'est Frédéric Brochot, vice-président en charge de l'agriculture, qui s'est chargé de la présentation.
«On a été un des premiers à être labellisé. C’était en mars 2022», a-t-il rappelé et de préciser : «Cela a permis de donner un focus sur l’économie agricole de notre département. 
Le PAT permet un lien renforcé entre producteurs et consommateurs.
Aujourd’hui les agriculteurs arrivent à des cours au plus proche de la réalité. Avec un prix qui se rapproche du prix rémunérateur.
Entre janvier 2024 et janvier 2025, on a perdu plus de 11.000 bovins sur notre département. On doit travailler pour des installations réfléchies et adaptées au territoire». Frédéric Brochot a indiqué que le PAT pèse 1,5 million d'euros.
C'est Frédéric Cannard qui est intervenu au nom du groupe Gauche 71. «Nous disposons enfin d’un PAT pour notre département. C’est une démarche particulièrement intéressante sur un territoire comme le nôtre, avec une production agricole reconnue.
Nous ne pouvons que nous réjouir qu’il soit enfin adopté sur notre territoire et pourtant, quel manque d’ambitions ! 
Ce plan s’appuie essentiellement sur ce qui existe déjà : les aides en direction des agriculteurs, cofinancées par la Région, le renforcement de la plateforme Agrilocal, largement subventionnée sous forme de « bons d’achat » distribués aux collèges, 800 000 € de crédits fléchés en 2025 pour des commandes Agrilocal, voilà qui lui permet d’afficher un chiffre d’affaires de 1M€», a-t-il d'abord remarque. Avant de lancer : 
«Pour le reste, en matière de précarité alimentaire des publics les plus fragiles, une seule action de coordination est prévue. Quelle frilosité ! Des dispositifs innovants comme les chèques alimentations ou paniers sont en place à la CU Strasbourg, en expérimentation en Gironde, et Seine-Saint-Denis. Le département de l’Isère soutien la banque alimentaire en achetant des denrées locales. A noter que les actions d’insertion (potagers d’insertion, jardins partagés, conserveries…) n’ont pas été envisagées ; il s’agit pourtant d’un enjeu de justice sociale, au cœur des compétences du Département.
La filière bio est l’oubliée dans ce plan, alors même que notre territoire accuse un retard en la matière (6ème département sur 8 en termes de surfaces bio en BFC) et que les difficultés rencontrées ces dernières années par les producteurs mériteraient qu’on s’y attarde».
Frédéric Cannard devait ajouter : «Ce qui nous interroge, ce sont les contradictions entre les grands principes énoncés dans ce plan et les postures que vous avez prises ces dernières années. Concernant la précarité alimentaire, il est écrit mot pour mot, que la précarité alimentaire progresse, et que le Département agit pour garantir à chacun, quel que soit son revenu, un accès à une alimentation de qualité. Nous partageons cette analyse et c’est bien pourquoi en septembre dernier notre groupe avait fait la proposition d’un tarif social, pourtant bien raisonnable, dans les cantines des collèges. Vous avez refusé cet amendement. Dommage que votre majorité écrive et communique sur la réalité de la précarité alimentaire, sans acte concret.
Telle était notre analyse du PAT avant lundi dernier, jour des commissions spécialisées où vous nous annoncez que le projet d’animer une cellule départementale foncière, initialement prévue, était retiré du rapport. L’enjeu d’installation de nouveaux agriculteurs et de transmission d’exploitation, pourtant bien souligné à l’étape diagnostic, est donc zappé. Et pourquoi ? Vous avez évoqué lors des commissions spécialisées de lundi dernier que cela faisait suite au changement de président à la tête de la SAFER régionale, intervenu début juin. Cette réponse nous laisse bien dubitatif. Finalement, nous recevons vendredi dernier un rapport qui non seulement suspend la question foncière mais qui retire l’intégralité du 4ème pilier, sur l’agriculture de demain (sans même changer le budget nécessaire au financement des actions). 
Nous ne pouvons croire que cette décision soit due à un manque de concertation avec les acteurs du monde agricole et ceux en charge du foncier, et notamment la SAFER, ce qui relèverait de l’amateurisme. Peut-être êtes-vous gêné de la contradiction de votre posture qui, d’un côté prétend défendre le foncier agricole, et de l’autre, fait l’inverse en achetant 32 ha de de terre arable à Tournus pour 3,5 millions € destiné à un projet de loisirs privé.
Quelles que soient vos raisons, vous ne pouvez nous demander d’adopter un plan bancal, amputé de l’axe présentant le plus d’enjeux pour préparer l’avenir et le renouvellement des générations d’agriculteurs. Nous ne voyons pas d’urgence à adopter un PAT tronqué et non finalisé. 
Nous vous demandons donc de reporter le vote de ce plan, envisagé dans son intégralité, au moment où toutes les actions seront calées avec les partenaires associés. 
En l’absence de report, nous nous abstiendrons sur ce rapport». 
Frédéric Brochot lui apporta une première réponse : «Le PAT a été construit avec l’ensemble des acteurs et il répond aux attentes. Concernant le bio, il y a un gros volet. Le département accentue les actions et répond aux règles. Je me bats avec la Région, pour qu’elle maintienne son soutien à la culture Bio. Elle veut le supprimer. Ce n’est pas gagné. Quand la production bio recule, la région souhaite arrêter le soutien.
Oui le foncier est un des plus gros enjeux».
Et Mathilde Chalumeau, en charge des Collèges de poursuivre : «Nous avons une tarification, avec de la qualité dans les assiettes pour 3,29 euros. Les gens sont bluffés par ce qui est produit dans les cantines !»
Frédéric Cannard en défenseur de la Région lança : «C’est la loi qui a changé pour le bio». Et Jean-Luc Fonteray de poursuivre : «On peut s’étonner que le PAT s’appuie sur 4 axes.  Le travail n’a pas été fait de façon approfondie ;  Sur les tarifs collège, d’autres collectivités ont mis en place des bourses. C’est le cas de la Région».
André Accary lui répliqua : «Vous répétez les mêmes choses Monsieur Fonteray». Et Mathilde Chalumeau de préciser : «Les taris sociaux ne sont jamais tous utilisés dans les collèges. On a augmenté le nombre de demi-pensionnaires. Comme quoi...»
André Accary compléta : «Quand vous voyez le nombre d’agriculteurs qui ont manifesté, avec des solutions qui ne sont pas réglées, des agriculteurs qui vont être en faillite, on n’a pas de leçons à recevoir. On essaye de faire le travail et le lien. On a le cas d’un agriculteur qui n’arrive pas à joindre la Région».
Alain BOLLERY