«La question des héritages coloniaux dont la société et l’État français sont porteurs est aujourd’hui au centre de controverses, parfois très virulentes. Ces tensions témoignent des difficultés que posent la volonté de faire face à une histoire récente qui détermine encore largement les conditions de notre actualité. Cette conférence vise à présenter comment une pratique de la philosophie qui prend comme source les archives du pouvoir d’État peut offrir un éclairage nouveau sur ces questionnements.

Cette conférence vise ainsi à présenter une généalogie philosophique du pouvoir colonial adossée à l’histoire de la colonisation algérienne. À partir d’un travail d’archives mêlant des fonds militaires, coloniaux et policiers, il s’agira d’interroger la manière dont les pratiques de gouvernement expérimentées sur les populations colonisées d’Algérie dans le cadre de ladite « mission civilisatrice » ont pu largement influencer les pratiques policières de contrôle de l’immigration dans l’ère postcoloniale. L’histoire de services spécialisés militaires et policiers, tels que les « Bureaux arabes », les « Affaires indigènes », les « Sections administratives spécialisées » ou encore les « Services d’assistance technique », permettra d’éclairer dans quelles conditions un dispositif colonial de pouvoir a pu produire une extension du territoire de la colonie jusqu’en métropole.»