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19/02/2023 03:17
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MATERNITÉ D’AUTUN : 80 élus ont remis les clefs de leur mairie au Sous-Préfet

Les élus du Morvan ont envoyé un premier coup de semonce. Et ce n’est que le début…
ACTUALISE
Il y a eu le porte-clés en forme de tétine de Jean-Baptiste Pierre, maire de Sommant… Norbert Estienne, maire de Cussy en Morvan, avait rajouté à la clé de sa mairie, celle du cimetière de sa commune… Un maire de Côte d’Or avait lui choisi cette même connotation morbide avec un porte-clés en forme de cercueil… Il y a eu aussi le témoignage de Florence Berlo, maire d’Ouroux-en-Morvan : « Mes deux secrétaires de mairie son pompiers volontaires et vont être obligées d’être formées aux accouchements. J’ai demandé à l’être également au cas où. Mais quand mes secrétaires partiront accoucher des habitantes, si quelqu’un chez nous fait un infarctus, il n’y aura plus personne ! »… Il y avait Patrice Dormenil, maire de Blanot en Côte-d’Or, venu avec son fils Timothée, âgé de 15 mois, né à la Maternité d’Autun. « Avec ma femme, nous avons pour projet d’avoir un deuxième enfant. Nous voudrions qu’il naisse à Autun. Autun, c’est 30 kilomètres, Semur-en-Auxois c’est 45 », détaille l’élu… Il y a eu le témoignage d’Emmanuel Roucher, maire de Sully. « Je me suis entretenu avec un jeune couple de la commune qui va partir à cause de la fermeture de la Maternité », confesse-t-il. Il y a eu les mots d’Anne-Marie Ducreux, maire de Saint-Léger sous Beuvray : « J’ai eu trois naissances dans ma commune en 2022 »… Il y a le chiffrage sans aucune autre forme de commentaires de Jean-Luc Blandin, maire d’Arleuf : « Arleuf-Autun : 20 minutes ; Arleuf-Le Creusot :1h10 ; Arleuf-Nevers : 1h20 »… Un autre encore voulait rajouter « Maternité » à la suite de la devise républicaine…

« Si l’Etat nous lâche… »


Ce samedi matin, dans la cour de la Sous-préfecture d’Autun, devant Marc Makhlouf, représentant de l’Etat sur la circonscription autunoise, qui ne pouvait que les accueillir, chaque maire du Morvan a montré son attachement à la Maternité d’Autun, dont l’Agence Régionale de Santé a programmé la mort dans les prochaines semaines. En remettant les clefs de leur mairie, les élus voulaient envoyer un premier message, un premier message fort. Un coup de semonce que Louis Basdevant, maire d’Anost a résumé : « Nous sommes venus redonner à l’Etat les compétences régaliennes qu’il a délégué à nos communes. Si l’Etat nous lâche, alors nous lâchons l’Etat ». Tour à tour, les élus morvandiaux ont donc remis les clefs au Sous-préfet d’Autun.
Pour Vincent Chauvet, ce moment symbolisait bien plus que la lutte contre la fermeture du territoire, il symbolisait le grand déménagement du territoire, comme l’a expliqué, mercredi dernier, au Palais du Luxembourg, Fabien Genet, Sénateur de Saône-et-Loire. « Cela symbolise le recul des services publics dans la santé, dans l’éducation, dans les services postaux… », détaille l’édile autunois.

Un point de départ


Comme cela a été expliqué à Anost mercredi dernier (cliquez ici pour lire notre article), cette remise des clefs des mairies au Sous-préfet Makhlouf n’est pas une fin en soi, mais est le point de départ d’une action beaucoup moins symbolique, à savoir une grève administrative marqué par la suspension d’échange de certains documents avec l’Etat.
Par ailleurs, dès lundi, les drapeaux des communes vont être mis en berne et des crêpes noirs installés sur les panneaux d’entrées de ville… Une mise en place qui coïncide avec la venue à l’Eduen de Jean-Jacques Coiplet, directeur général de l’ARS. La volonté que cette réunion se déroule dans le Morvan n’a pas trouvé grâce aux yeux  de ce dernier. Le courrier que les élus lui ont adressé mercredi soir à l’issue de la réunion à Anost étant resté lettre morte. Et Louis Basdevant de dénoncer même en creux une forme de provocation. « Seuls 6 maires du Morvan ont été invités… Sur quels critères ? », s’interroge le maire anostien. Et de rajouter : « Par contre, l’ARS nous a fiât savoir de manière détournée que tous les maires étaient les bienvenus mais pas invités… Il ne faut pas être dupes . Il faut y aller et dire ce que l’on pense ! ». Et au moment de se quitter, beaucoup de maires se sont dits à lundi… Nul doute que le Directeur Général de l’ARS devrait avoir un sacré comité d’accueil…

Un soutien populaire


S’ils n’ont pas pu rentrer dans la cour de la Sous-préfecture, une trentaine de citoyens, dont du personnel de la Maternité du Centre Hospitalier d’Autun, a accompagné les élus depuis la mairie de la cité éduenne. Ils n’ont pas hésité à la applaudir à la sortie de la Sous-préfecture. Une présence importante qui laisse augurer une mobilisation plus massive. Et pourquoi pas lors de la venue de François Braun dans le courant du mois de mars ?
 « Aujourd’hui, les pétition en ligne et « papier » que nous avons fait signer sur le marché atteignent les 10 000 signatures. J’espère que nous serons 10 000 pour accueillir le Ministre », insiste Michel Sébastien, représentant des usagers du Centre Hospitalier d’Autun et conseiller municipal de Monthelon. Et de saluer ses collègues élus : « Vous avez raison d’être là. C’est vous qui portez nos espoirs », lance l’ancien président de la Croix Rouge autunoise. Les espoirs de tout le peuple morvandiau.
Bastien MIGAULT