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06/02/2023 03:17
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MATERNITE D'AUTUN : Le Dr. Jean-François Nicolas propose un moratoire sur la fermeture

Il le réclame dans une lettre ouverte à Jean-Jacques Coiplet, directeur général de l'ARS de Bourgogne - Franche-Comté.
Il ne s’était pour l’heure pas exprimé publiquement depuis l’annonce de l’ARS de vouloir fermer la Maternité d’Autun. C’est donc par le biais d’une lettre ouverte, qu'Autun Infos publie en intégralité, au directeur générale de l’ARS de Bourgogne - Franche-Comté que le Dr. Jean-François Nicolas, Maire d’Epinac, vice-président de la Communauté de Communes du Grand Autunois-Morvan, en charge des questions de santé, a décidé de prendre la parole. Avec son oeil de médecin, Jean-François Nicolas apporte forcément un éclairage et des arguments opposables à ceux développé par l’ARS. Il démontre également que par le passé, la Maternité d’Autun s’est toujours relevé des difficultés  qu’elle a pu rencontrer. Aussi, le chef de service de Médecine 1 du Centre Hospitalier d’Autun et Président du Conseil territorial de Santé de Saône-et-Loire propose un moratoire d’un an sur la fermeture de la Maternité d’Autun.
Bastien MIGAULT



Lettre ouverte à M. le Directeur de l’Agence Régionale de Santé de Bourgogne – Franche Comté

M. le Directeur Général de l’Agence Régionale de Santé,
Votre exercice de communication sur la Maternité d’Autun est parfaitement typique de ce qui provoque la rage de nos concitoyens, des élus et des médecins que nous sommes, alors qu’avant même d’avoir rencontré les élus du territoire impacté par votre décision, vous avez décidé d’une fermeture définitive.
C’est votre communiqué de presse qui les a informés d’une décision qu’à peine 3 mois après votre arrivée en Bourgogne Franche Comté vous avez prise sans laisser le temps d’un moratoire. Pour traiter la crise, vous aggravez la crise.
Vous ne dites pas: « Je ferme la maternité d’Autun » ce qui est la triste réalité puisque les femmes de l’Autunois et du Morvan n’auront plus le droit d’accoucher à AUTUN.
Vous dites : «Nous sommes en train de créer une maternité territoriale et de rassembler une équipe…» parfait exemple de langue de bois ! Mais qui, croyez-vous, va avoir envie de rejoindre votre équipe ?
Pour justifier votre décision vous ajoutez par la voie de votre inspectrice périnatalité:
« Il n’y a rien de pire que ce que les femmes sont en train de vivre aujourd’hui à la maternité d’Autun » (aujourd’hui, c’était avant votre communiqué de presse).
Vous devriez dire : « il n’y a rien de pire que ce que nous, l’ARS, nous faisons vivre à la maternité d’Autun, à ses personnels et aux femmes enceintes depuis plusieurs mois en annonçant par voie de communiqué de presse des ouvertures, des fermetures, des réouvertures, une suspension provisoire et jusqu’à cette suspension définitive »
Ne donnez pas comme normes à appliquer pour les maternités de niveau 1 en Autunois-Morvan celles d’un territoire de surface équivalente à celle du Grand Lyon mais qui est 15 fois moins peuplé que toute la région d’Autun et du Morvan en dépendant sur le plan sanitaire.
Par exemple, vous parlez de 4 gynécologues pour être en sécurité alors qu’il y en a actuellement 2,2.
Quand il y a une moyenne de 6 à 7 accouchements par semaine à Autun et que les gynécologues interviennent de façon significative pour un accouchement sur 5, il n’est pas nécessaire de prévoir pour eux des temps de récupération identiques à ceux « des usines à bébés lucratives » qui existent dans les grandes métropoles.
Comme l’a rappelé le Dr FOURNIER du Pôle de chirurgie gynécologique et obstétrical de Chalon, plus de 90% des accouchements sont physiologiques et ne relèvent pas de grossesses à risques.
Alors ces 90% de parturientes faut-il les mettre maintenant, de par votre décision, dans une situation à risques d’accouchement en voiture ou dans une ambulance de pompiers en allongeant considérablement le délai d’arrivée en salle de travail ?
Médecin généraliste depuis 1978 en Autunois-Morvan, j’ai connu la renaissance et l’essor de cette maternité à l’arrivée du Dr J. DIETSCH. A partir d’une situation rudimentaire elle avait su en développer les activités, le suivi avant et après l’accouchement, la prise en charge de la périnatalité, la prise en compte de toute la gynécologie et de la contraception le bien-être et la santé des femmes.
Et tout ça comme maintenant, avec l’aide d’un seul autre gynécologue, et en réseau avec les généralistes et les sages femmes du territoire.
Le Dr LE BOUAR était là pour la prise en charge pédiatrique des nouveau-nés et il a passé le flambeau progressivement et de façon parfaitement coordonnée au regretté Dr GRÉMEAUX qui s’était spécialisé en pédiatrie néonatale, en collaboration déjà avec le service de réanimation du Dr FRANÇOISE à l’hôpital de Chalon.
Les grossesses à risques, les grandes prématurités, les menaces d’éclampsie etc. - et cela continue aujourd’hui - étaient dépistées en proximité par des équipes de sages femmes excellentes professionnelles et qui ont su monter en gamme dans leur spécialité au fur et à mesure de l’introduction de techniques nouvelles.
La préparation aux accouchements, les techniques antalgiques non invasives, les accouchements sous péridurale, se sont parfaitement développés compte tenu du lien étroit sur AUTUN entre la maternité de l’hôpital et les anesthésistes et le plateau chirurgical de la Clinique rassemblés géographiquement sur le site Parpas.
En évoquant ce passé récent, je maintiens qu’à l’époque comme maintenant, avec des médecins attachés à AUTUN, des élus qui connaissent les besoins d’attractivité de leur territoire, avec des professionnels engagés gynéco, sages femmes, pédiatres, anesthésistes nous savons rassembler nos énergies pour conforter les moyens d’une coopération exemplaire entre nous et entre l’hôpital et la clinique qui ont su mettre en commun leurs moyens humains et techniques – et ils ne sont pas négligeables .
Nous sommes prêts à relever ce défi. Alors puisqu’il n’y a que les insensés qui ne changent pas d’avis, nous vous demandons de prononcer un moratoire pour la maternité d’AUTUN avec des objectifs à développer dans l’année en faisant confiance aux médecins et élus que nous sommes pour mener à bien ce défi.
Ce serait montrer que vous avez un minimum de respect pour la trentaine d’élus du territoire que vous avez accepté de recevoir le 3 février à la demande insistante du Maire d’Autun pour vous signifier quelles conséquences avait votre décision précipitée pour leurs administrés.
Ce genre de décision sur la rentabilité des services, habillée de sécurité, me fait penser aux décisions de numérus clausus prises dans les années 70 «s’il y a trop de médecins les dépenses de santé vont exploser ». Elles ont explosé et il manque aujourd’hui cruellement de médecins.
Les schémas économiques classiques sont dépassés, la modernité c’est les CIRCUITS COURTS. La Maternité d’Autun c’est le prototype de la pertinence des circuits courts.
Avec votre décision inappropriée vous contribuez à ajouter COURT-CIRCUIT de plus, de ceux qui électrisent les Français.
Or, vous n’êtes pas sans entendre la colère qui monte des campagnes …
Dr Jean-François NICOLAS - Maire d’EPINAC
Chef du service de MEDECINE 1 – CH d’AUTUN
Président du Conseil Territorial de Santé de Saône et Loire
Président du CA du SDIS 71 de 2004 à 2015