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07/03/2023 03:17
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MATERNITE D’AUTUN : Le front des maires se déchire

Il est des journées qui laissent des traces dans l’histoire. Cette journée du lundi 6 mars laissera même des traces indélébiles dont on ne mesure très certainement pas les conséquences. Une journée où les maires du Morvan ont très certainement laissé définitivement partir leur maternité.
Petit retour en arrière. Samedi après-midi à Anost, berceau de la défense du Droit de naître dans le Morvan, une cinquantaine d’élus s’était réuni pour affuter leur plan de bataille en vue de la réunion de travail de ce lundi avec l’ARS sur l’avenir de la Maternité d’Autun. Les élus souhaitent notamment que la presse soit présente pour relater les propos tenus. En cas de refus de l’Agence Régionale de Santé, il était convenu qu’ils quittent la salle. Dont acte.

Le Sous-Préfet d’Autun refuse la presse


A 14 heures, France 3 Bourgogne, le Journal de Saône-et-Loire, le Journal du Centre et bien évidemment Autun Infos sont présents à l’Eduen. Quelques minutes plus tard, Marc Makhlouf, Sous-préfet de l’arrondissement d’Autun, après avoir reçu de nouvelles clefs de mairies,  prend la parole et pose le cadre : « Il s’agit d’une réunion de travail. Il n’est pas souhaitable que la presse soit présente. Elle est admise pour faire un tour d’image mais après elle devra quitter la salle ». Les discours introductifs de Vincent Chauvet et Marie-Claude Barnay passés, la presse est effectivement priée de sortir de la salle. Selon le plan décidé à Anost, les élus auraient du se lever comme un seul homme et quitter la salle Gabriel Chavy. Il n’en a pas été ainsi… Seul les élus d’Uchon, de Tavernay, de Dracy-Saint-Loup, de La Celle-en-Morvan et d’Alligny-en-Morvan prennent, incrédules, effectivement la porte. Des élus rappelés à l’ordre par Marc Makhlouf. « La politique de la chaise vide n’est jamais une bonne chose », indique le Sous-préfet d’Autun.
« Je suppose que l’ARS a quelque chose à cacher pour que l’on refuse l’accès à la presse », indique Jean-Claude Lhoste, maire de Dracy-Saint-Loup. Et d’indiquer que le projet des maires est de conserver la maternité en l’état. « Le SMUR obstétrical proposé va coûter 800 000 euros. Cette somme pourrait être mieux utilisé pour payer des médecins »,  poursuit l’édile.

La colère d’Alligny de la maire d’Alligny en Morvan


Dans la salle, les prises de parole se succèdent. Parfois, on entend à travers la porte quelques applaudissements et les élus présents dans le hall espèrent être prochainement rejoints par leurs homologues. Au bout d’un peu plus d’une heure, Dominique Commeau, maire d’Etang-sur-Arroux, quitte la salle, suivi peu de temps après par un autre groupe d’élus, emmené par Pierre Piollot, président de la communauté de communes du Pays d’Arnay-Liernais.
Certains élus laissent alors éclater leur colère de ne pas avoir été suivis par leurs homologues. « C’est fini ! Il ne faut plus compter sur Alligny-en-Morvan pour une grève administrative ou une démission », tonne Marie-Christine Grosche, maire d’Alligny. Quelques heures plus tard, dans un courrier virulent adressé à ses homologues, notamment ceux qui n’ont pas quitté la salle, elle écrit même : « Le bienséance m’interdit d’utiliser les qualificatifs qui me viennent concernant votre attitude ».  
Une autre maire descend les escaliers vers la sortie de l’Eduen. « Je rejoins ma mairie, j’ai un budget à préparer », grogne-t-il alors que devant la salle Gabriel Chavy s’installe une cacophonie. Le « Serment d’Anost » a semble-t-il bel et bien volé en éclat. « On a perdu toute crédibilté », peste un autre
. Qui suivra désormais l’appel à la grève administrative ? Quel commune ne transmettra pas ses documents d’urbanisme et son budget ? Pierre Poillot l’assure au micro de France 3 Bourgogne : « Pour ma part, je maintiens la maintien en Côte d’Or ». Sera-t-il seulement suivi ? Lors de cette réunion anostienne, il était prévu une journée « Ville morte » à Autun samedi matin. « Dans ces conditions, est-il encore utile de faire une manifestation ? »,  s’interroge un autre. « Si c’est pour être 500, ce n’est pas la peine ! », répond un autre.


Des contributions d’élus validées par l’ARS


Dans la salle, après avoir répondu point par point à l’ensemble des contributions des élus et en avoir retenu certaines, l’Agence Régionale de Santé détaille son plan tandis que les élus partent un à un. A l’issue de la réunion, il n’en reste qu’une petite trentaine dont Catherine Amiot, Marie-Claude Barnay, Rémy Rebeyrotte, Vincent Chauvet, Sylvain Mathieu, René Blanchot et Louis Basdevant, mais également Michel Sébastien, représentant des usagers de Centre Hospitalier d’Autun, Evelyne Combier, présidente de l’ASPAM et Faten Sawaf, l’un des deux gynécologues de la Maternité.
Pour les maires, les heures et les jours qui viennent vont être compliqués pour renouer le dialogue. A moins que ce ne soit « la fin de l’épisode », comme l’écrit Pierre Poillot, ce lundi soir.
Bastien MIGAULT